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Des exceptions inutiles Ă  la protection des biotopes

Le Parlement a fini de débattre de l’acte modificateur unique. Pour la protection des biotopes, le résultat est mitigé.

Commençons par la bonne nouvelle: la protection des biotopes d’importance nationale face à la construction de nouvelles installations de production d’énergie est maintenue. Notre engagement de ces derniers mois s’est donc révélé payant!

La mauvaise nouvelle est que le Parlement a décidé de prévoir des exceptions. Comme ce dossier est passablement complexe, reprenons les choses depuis le début.

L’acte modificateur unique sur l’énergie

Il y a une année, la protection des biotopes s’est retrouvée sous pression lorsque le Conseil des États a pris une décision irréfléchie dans le cadre du débat sur la sécurité de l’approvisionnement électrique. Il a en effet décidé, à la hâte, d’autoriser la construction de nouvelles installations de production d’électricité dans les biotopes d’importance nationale.

Pourtant, ces derniers ne représentent que 2% de la superficie de la Suisse. La nature sauvage du haut plateau de la Greina, du Val Roseg, du Val Maderan ou de Zinal en font partie. Ils forment le cœur de la nature suisse, puisqu’ils sont le dernier habitat de nombreuses espèces animales et végétales dans notre pays.

Cette décision a suscité une grande résistance. Souhaitant que la construction de nouvelles installations de production d’électricité reste exclue dans ces régions, le Conseil national l’a corrigée dans un premier temps. Les parlementaires de la Chambre du peuple ont estimé que les 98% restants du territoire suisse étaient suffisamment vastes pour produire de l’électricité sans qu’il faille détruire à jamais des biotopes irremplaçables.

Exceptions Ă  la protection des biotopes

Le projet a ensuite fait l’aller et retour entre les conseils, et la protection des biotopes l’objet d’attaques répétées. Les zones alluviales – les forêts pluviales d’Europe – qui ne couvrent que 0,7% de la superficie du pays environ étaient les premières visées. Le Conseil des États n’avait certes plus l’intention d’y autoriser des constructions, mais voulait permettre d’en détourner l’eau.

En fin de compte, le Parlement s’est entendu sur certaines dispositions dérogatoires. Il sera à l’avenir possible de procéder à une pesée des intérêts lorsqu’une nouvelle installation est située hors d’un biotope, mais que son tronçon à débit résiduel se trouve à l’intérieur de celui-ci. Cela signifie que, pour la production d’énergie, l’eau pourra, dans certaines circonstances, être dérivée des zones alluviales bien que leurs fonctions variées en dépendent directement. Durant le débat, le fait que de nouvelles exceptions ne doivent pas affaiblir la protection des biotopes a au moins été souligné à plusieurs reprises.

Et maintenant?

Tout compte fait, des fondements importants de la protection des biotopes ont pu être conservés. Il n’en reste pas moins que le Parlement ne prend toujours pas suffisamment au sérieux la disparition des espèces en Suisse. Même la conservation d’habitats irremplaçables présentant une biodiversité exceptionnelle fait régulièrement l’objet de discussions.
Nous soutenons un virage énergétique en faveur des énergies renouvelables. En conséquence, nous suivrons de très près la mise en œuvre de l’acte modificateur unique sur l’énergie. Nous nous engageons pour que les effets sur la nature soient aussi faibles que possible et pour que les promesses faites par le Parlement soient tenues.

Les revers subis dans la protection de la nature mettent nos bases existentielles en danger. Il serait donc plus urgent de démultiplier nos efforts en la matière.

Si vous voulez renforcer la préservation des biotopes les plus riches en espèces, ne manquez pas de vous rendre aux urnes le 22 octobre prochain et de voter pour les politiciennes et les politiciens qui se soucient de l’environnement! L’écorating de l’Alliance-Environnement vous permet d’identifier les candidates et candidats qui s’engagent en faveur de la nature.